La grossesse et le post-partum sont des périodes de bouleversements profonds, autant sur le plan physique qu’émotionnel. Pourtant, lorsqu’une femme enceinte ou une jeune maman exprime ses ressentis, ses craintes ou sa fatigue, elle se heurte encore trop souvent à des remarques banales, des injonctions culpabilisantes, ou des tentatives maladroites de réconfort qui finissent par invalider son vécu.
Ces petites phrases, souvent dites avec de bonnes intentions, peuvent avoir des effets délétères : elles renforcent la solitude, la culpabilité ou le sentiment de ne pas être entendue. Et si on apprenait à offrir une écoute vraie, bienveillante, sans chercher à corriger ou minimiser l’expérience de l’autre ?
Voici cinq phrases courantes à éviter pendant la grossesse et le post-partum – et quelques propositions pour les remplacer.
1. “Profite, ça passe trop vite.”
Cette phrase revient souvent, comme une évidence. Mais lorsqu’une femme traverse une grossesse difficile, ou qu’une jeune maman manque cruellement de sommeil, elle peut se sentir encore plus mal. Comme si elle devait absolument savourer chaque instant, même les plus éprouvants.
Pourquoi l’éviter ?
Elle renvoie l’idée que si la femme ne “profite” pas, elle passe à côté de quelque chose. Cela renforce le poids de l’injonction à vivre une maternité parfaite.
À dire à la place :
“Comment te sens-tu en ce moment ?”
“Si tu as besoin d’en parler, je suis là.”
Parfois, offrir un espace de parole est bien plus précieux que de rappeler que le temps passe.
2. “Ce ne sont que les hormones.”
Les émotions intenses sont fréquentes pendant la grossesse et après l’accouchement. Mais cela ne signifie pas qu’elles sont irréelles ou exagérées. Réduire un ressenti à un simple effet hormonal, c’est nier toute la profondeur de ce que vit la femme.
Pourquoi l’éviter ?
Cela invalide ses émotions. Cela lui renvoie l’idée qu’elle dramatise ou qu’elle n’est pas en pleine possession de ses moyens.
À dire à la place :
“Ce que tu ressens est légitime.”
“Tu veux m’en parler ?”
Reconnaître ce qu’elle traverse, sans juger, permet de restaurer la confiance en soi.
3. “On passe toutes par là.”
Oui, la maternité est une expérience universelle dans ses contours… mais profondément unique dans sa manière d’être vécue. Ce genre de phrase, en banalisant ce que la femme traverse, risque d’amplifier son sentiment d’isolement.
Pourquoi l’éviter ?
Elle fait croire que ses difficultés sont banales, voire normales, et qu’elle devrait les accepter sans broncher.
À dire à la place :
“Je me rends compte que ce n’est pas facile.”
“Comment puis-je t’aider concrètement ?”
Exprimer une réelle présence peut alléger bien des charges invisibles.
4. “Regarde la chance que tu as.”
L’ambivalence fait partie de la maternité. On peut aimer profondément son enfant et se sentir submergée. Être reconnaissante et épuisée. Heureuse et perdue. Mettre en avant la “chance” peut faire taire ces nuances.
Pourquoi l’éviter ?
Elle renvoie l’idée qu’elle n’a pas le droit de se plaindre, que ses émotions n’ont pas leur place.
À dire à la place :
“Ce n’est pas parce que cette période est précieuse qu’elle est toujours facile.”
“Si tu ressens le besoin d’en parler, je suis là.”
Autoriser la complexité du vécu maternel, c’est aussi honorer toute sa richesse.
5. “Repose-toi quand bébé dort.” / “Profites-en pour dormir maintenant.”
Dormir en fin de grossesse peut être un défi, et les siestes pendant que bébé dort ne sont pas toujours possibles. Cette phrase, à force d’être répétée, devient culpabilisante : pourquoi n’y arrive-t-elle pas ?
Pourquoi l’éviter ?
Elle part d’un conseil pratique, mais néglige la réalité : le sommeil ne se commande pas, et la charge mentale est immense.
À dire à la place :
“Tu veux souffler un peu ? Je peux t’aider d’une manière ou d’une autre.”
Proposer de l’aide concrète, même symbolique, est souvent plus aidant qu’un conseil abstrait.
Et si on écoutait vraiment ?
Le message à retenir : plutôt que de conseiller ou de rationaliser, il est souvent plus juste de reconnaître ce que vit la femme en face de nous. Parfois, un simple “Je suis là si tu veux en parler”vaut bien plus qu’un conseil bien intentionné.
C’est en changeant notre manière de parler aux femmes enceintes et jeunes mamans que l’on contribuera à créer un espace plus doux, plus juste, plus soutenant autour de la maternité.
Vous aimeriez être accompagnée pendant votre grossesse ou votre post-partum ? N’hésitez à prendre rendez-vous pour une séance découverte !